L'Institut au fil de l'histoire

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Notre institut a déjà une longue histoire. Tout au long de cette histoire, il s’est efforcé de venir en aide, de prendre en charge, d’accompagner des enfants, des jeunes atteints de handicaps divers.

Dès les débuts, les hommes et les femmes qui se sont engagés dans l’institut, ont choisi l’aide, qui, au fil du temps, s’est spécialisée aux jeunes qui trouvent difficilement une place au soleil de notre société.

Au milieu de bien des difficultés, les hommes et les femmes qui ont participé à ce service ont sans cesse voulu adapter leurs projets aux possibilités du moment et surtout aux besoins et demandes exprimées par les familles, l’environnement, la société.

Au travers des évènements et des personnes qui vont être évoqués, nous voulons faire revivre un peu de cette vie passée qui se renouvelle aujourd’hui avec ses élans, ses enthousiasmes, ses projets qui tantôt se heurtent à des difficultés extérieures ou intérieures et tantôt grâce à un concours de personnes et de circonstances, aboutissent à des réalisations d’utilité, utiles et porteuses de sens.

Avant la création de l’Etat Belge en 1813, l’abbé Nicolas Joseph Minsart est nommé curé de la paroisse Saint Loup à Namur, paroisse la plus peuplée et la plus pauvre de la ville.

Touché par l’exclusion vécue par les «sourds-muets», nombreux à cette époque, il conçoit le projet d’une «maison d’éducation» ouverte en 1828 à la rue du Président. Cette maison comporte un internat et un externat.

Faute de ressources, la maison ferme en 1830.

Cinq ans plus tard, l’abbé Minsart tente de redonner vie à son projet avec l’appui du gouvernement belge cette fois. Le projet est repris, soutenu par Monseigneur Delusselle, évêque de Namur. Celui-ci fait appel à Monsieur Achille Gourdin, citoyen français, frappé lui-même de surdité et professeur dans l’établissement des sourds-muets de la ville de Rodez en Aveyron.

L’école et l’internat pour sourds-muets, installée dans une maison de la rue du Lombard à Namur, ouvre ses portes en janvier 1840 (à côté de la maison Goddin).

Pendant 15 ans, Monsieur Achille Gourdin, assure seul l’instruction de ses élèves, garçons et filles, secondé par quelques «répétiteurs et répétitrices» et surtout par son épouse qu’il perd en 1865.

Par la suite, la commission de surveillance lui conseille de s’adjoindre les services d’une dame pour l’éducation des filles et fait appel à Mademoiselle Victorine Dujardin, française elle aussi, qui s’est spécialisée en éducation en France et en Belgique.

Quatre ans après, la collaboratrice entre dans la famille de ses employeurs en épousant Monsieur Louis Gourdin. Très vite, les évènements se précipitent en 1872, Monsieur A. Gourdin père meurt subitement et son fils Louis lui succède pour décéder à son tour, 4 ans après en 1876. C’est ainsi que, Madame veuve Gourdin, devient directrice de l’institut - rue du Lombard.

En dépit des difficultés dues aux deuils et aux changements qui en découlent, l’institut se développe au point que, les locaux deviennent trop exigus. La nouvelle directrice songe à quitter la rue du Lombard.

Madame veuve Gourdin a une propriété de famille à l’extérieur de la ville de Namur, sur les hauteurs de Bouge, qui domine la vallée de Namur.

Avec l’aide de l’évêché, elle y fait construire les locaux nécessaires et le transfert de la rue du Lombard s’effectue le 15 octobre 1880.

Madame Gourdin aidée de sa nièce, dépassée par les évènements et l’agrandissement de l’institut, fait appel avec des Sœurs françaises, les dominicaines du Sacré Cœur de Haschighem dans le Pas de Calais, qui s’installent à Bouge en mars 1899.

 

En 1903, il y a déjà 110 internes à Bouge.

En 1919, à la suite de la guerre qui fit beaucoup de ravages à Bouge, et de « raisons majeures » qui reposent sur le bien général de la congrégation et sur l’avenir de l’institut de Bouge, les sœurs sollicitent la cessation de leurs activités car elles recrutent difficilement en Belgique et plus difficilement encore pour l’institut des sourds-muets.

Le 5 octobre 1920, les dominicaines sont remplacées par des Sœurs de la Charité de Jésus et Marie de Gard, dans des conditions difficiles.

En effet, la maison est fort «démunie» et la nouvelle supérieure fait appel aux consœurs du Beau Vallon à Saint Servais.

En 1920, 43 filles et 49 garçons atteints de surdité entrent à l’institut.

L’année suivante, on place l’électricité et, le projet de l’école et de l’institut se transforme : les grands garçons sont transférés à Bruxelles et l’on ouvre une section pour « fillettes mentalement anormales mais éducables ». En suite de quoi et, selon la décision du gouvernement national, la maison Saint Benoît de Lokeren doit transférer les enfants et jeunes originaires des provinces wallonnes à Bouge. Le transfert à lieu en 1922.

En 1923, à la demande des autorités officielles, l’institut ouvre aussi une section pour des «filles de la justice».

Au début des années 1930, l’effort est concentré à la fois sur l’aménagement des locaux et sur les méthodes pédagogiques. On commence à peindre les classes et les locaux en couleurs plus claires pour les rendre plus attrayantes.

En 1934, la villa Eugène, qui appartient à Monsieur Attout, bourgmestre de Bouge, est achetée. Cette villa est aménagée pour des jeunes filles dont les parents payent la pension !

A la veille de la guerre, le nombre d’enfants allant croissant (300 personnes en 1939), l’institut achète une propriété à l’entrée de la rue des Anges et commence immédiatement sur le terrain jouxtant le Mont-Rose, la construction du «quartier des sourdes» qui deviendra en 1963 un centre de réadaptation sociale, l’école professionnelle actuelle.

Puis vient la guerre avec l’offensive allemande de mai 1940 et les bombardements. La communauté des Sœurs doit protéger les 310 enfants de l’institut et faire face à l’occupation de l’armée belge en retraite, puis à celle des allemands vainqueurs.

Il faut aussi faire une place à tous les enfants de réfugiés et de prisonniers, plus d’une centaine dont beaucoup d’enfants juifs.

Pendant ce temps, l’institut doit héberger jusqu’à 480 enfants. Cet accueil généreux des sœurs de la Charité est reconnu officiellement lors de la visite de la princesse Joséphine Charlotte, le 20 août 1942.

 

Les années d’après guerre sont marquées par la reprise de tout ce qui avait été perturbé par tant d’évènements et l’occupation. On poursuit en même temps la restauration et l’aménagement des bâtiments. On peut signaler la construction de la nouvelle cuisine en 1947, la construction en 1950 d’une nouvelle aile pour l’école gardienne et primaire et en 1953, la construction du pavillon médical dirigé par le Docteur André Colinet.

La prise en charge des enfants se poursuit avec quelques modifications.

En 1950, la section des épileptiques est supprimée et 43 enfants sont transférés à Lovenjoel.

Mais, c’est à partir de 1960 que se dessineront les plus grandes modifications, en raison à la fois de la diminution du nombre d’enfants sourds et des nouvelles méthodes d’éducation et techniques de rééducation qui sont proposées.

En 1963, l’institut des sourds et muets, géré aussi par les Sœurs de la Charité, situé en plein centre de Bruxelles, est transféré dans le nouvel institut de la chaussée de Waterloo à Uccle et la section des sourds de Bouge y est transférée aussi.

Les locaux libérés sont destinés à l’école professionnelle d’enseignement spécial pour les jeunes filles «inadaptées mentales» de 13 à 21 ans.

Pendant ces années, les progrès scientifiques des différentes disciplines concernant l’éducation de l’enfant handicapé mental sont assez significatifs.

Le regard de la société sur l’enfant « différent » change et provoque une transformation lente mais réelle des mentalités et exige, en conséquence, des modifications profondes et radicales des méthodes pédagogiques tant scolaires qu’éducatives.

La découverte scientifique des nombreuses formes et niveaux de handicaps ou troubles mentaux oriente vers une spécialisation de plus en plus grande. De plus, on comprend que la dimension affective d’un enfant est un élément capital de sa croissance et de son éducation. Or, la vie en grande institution, en internat, provoque des carences affectives graves. Un nouvel objectif se précise donc pour l’IMP. Il faut bousculer les habitudes, changer de politique, créer, avancer à tâtons sans savoir si cela réussira et surtout accepter de prendre des enfants plus marqués, plus troublés, et pour lesquels les résultats obtenus seront moins spectaculaires.

Désormais, l’institut n’accepte plus que les enfants ayant un Q.I. de 40 à 60 et ne présentant pas de trop grands troubles du caractère. L’ancienne maison de l’aumônier et la villa sont transformées en maisons familiales pour 3 groupes de 15 enfants. Ainsi, l’institut de Bouge se spécialise dans l’éducation des mineurs atteints de déficience mentale. Les groupes de vie à structure plus familiale permettant une éduction plus chaleureuse, et l’école professionnelle inférieure d’enseignement spécial pour jeunes filles souffrant de handicap mental (1ère  en Wallonie) voient le jour au cours de cette période, en même temps que l’institut met en place de nouvelles équipes éducatives, paramédicales, (infirmière, logopèdes, kinésithérapeutes) et un service social et psychologique.

 

C’est en 1965 que débutent les travaux des 4 maisons jumelées destinées à accueillir 8 groupes de maximum 15 enfants et jeunes.

C’est en 1972 que sont inaugurés les 2 premières maisons jumelées ainsi que la salle des fêtes et de sports.

En 1973, pour répondre aux demandes des parents d’enfants handicapés de la région qui désirent un accueil de jour, s’ouvre le «semi-internat».

A partir de 1975, tout en améliorant les structures d’accueil et les méthodes pédagogiques pour les mineurs handicapés mentaux, les équipes de l’institut sont de plus en plus attentives aux problèmes et questions de l’insertion des jeunes adultes déficients mentaux.

En 1977, l’institut ouvre un foyer à Vedrin qui accueille des jeunes femmes qui se préparent à la vie adulte et en 1978, l’institut met d’abord sur pied une maison pour jeunes adultes handicapés mentaux travailleurs à Aische-en-Refail, maison qui s’est ensuite détachée de l’a.s.b.l. en fin 1981, ouvre ensuite un home occupationnel pour 20 personnes adultes ayant un handicap mental en 1980.

 

La communauté des Sœurs ayant déjà quitté l’institut en août 1976, la congrégation des Sœurs de la Charité de Jésus et Marie de Gand confie en 1985 les bâtiments à une nouvelle a.s.b.l. propriétaire appelée IMP Bouge et la gestion des services qui accueillent et hébergent les personnes handicapées à une autre a.s.b.l. qui prend le nom d’Institut Saint François puis, en 2004 celui d’Institut François d’Assise.

Pourquoi un tel changement de nom?

Par fidélité à l’histoire, par intuition aussi. Pour donner un visage, une humanité à des valeurs essentielles non seulement prô-nées par le conseil d’administration, la direction mais aussi vécues au sein des foyers de vie, au sein de l’institut : la simplici-té, l’accueil, la proximité, le respect de l’autre, la joie, l’ouverture, la solidarité, la recherche de sens.

François d’Assise à vécu à une époque aussi troublée que la nôtre (13ème Siècle). Il a grandi et évolué dans une société en pleine mutation dans laquelle l’argent prenait une place toute nouvelle et il a mesuré les ravages de cette situation. Il s’est approché de ceux que la société marchande rejetait ou méconnaissait : les lépreux, les mendiants des rues et le petit peuple des ateliers et les «sous-sols» où les travailleurs hommes femmes et enfants exploités.

Bien que fils d’un riche marchand de draps et tissus, il a renoncé à être au-dessus des autres pour être avec eux pour devenir l’un d’eux : leur frère.

François pose la question combien actuelle «Ou sont nos valeurs ?»

Dans l’avoir, la sécurité matérielle, l’opulence, le paraitre ? Ou bien dans l’usage mesuré des biens et des produits, le partage, la relation aux personnes, la solidarité ? Et l’un sent bien que la réponse n’est pas si évidente que cela ?

Bref par ses rencontres, ses gestes, ses paroles, sa vie, François d’Assise nous incite à :

·         préférer la relation à l’autre au monde «virtuel»

·         concilier individualisme, autonomie et fraternité

·         opposer paix, bientraitance à la violence et à la maltraitance

·         faire bon usage de l’argent en adoptant la sobriété mises sur la solidarité et le partage contre l’exclusion

·         respecter la Nature, la Terre et tous les vivants

·         choisir la simplicité et la confiance plutôt que la performance à tout prix et la crainte

Le regard de François d’Assise sur les hommes comme sur le monde ne fige jamais les choses et les êtres dans ce qu’ils sont maintenant, il les voit déjà dans ce qu’ils pourront devenir.